Le cinquième numéro de la revue d’ici là est consacré à la sérendipité (ce qu’on trouve sans le chercher) :
Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard.
« Ils parlent de la mort / Comme tu parles d’un fruit / Ils regardent la mer / Comme tu regardes un puits / Les femmes sont lascives / Au soleil redouté / Et s’il n’y a pas d’hiver / Cela n’est pas l’été / La pluie est traversière / Elle bat de grain en grain / Quelques vieux chevaux blancs / Qui fredonnent Gauguin / Et par manque de brise / Le temps s’immobilise / Aux Marquises
Du soir montent des feux / Et des pointes de silence / Qui vont s’élargissant / Et la lune s’avance / Et la mer se déchire / Infiniment brisée / Par des rochers qui prirent / Des prénoms affolés / Et puis plus loin des chiens / Des chants de repentance / Des quelques pas de deux / Et quelques pas de danse / Et la nuit est soumise / Et l’alizé se brise / Aux Marquises
Le rire est dans le cœur / Le mot dans le regard / Le cœur est voyageur / L’avenir est au hasard / Et passent des cocotiers / Qui écrivent des chants d’amour / Que les sœurs d’alentour / Ignorent d’ignorer / Les pirogues s’en vont / Les pirogues s’en viennent / Et mes souvenirs deviennent / Ce que les vieux en font / Veux tu que je dise / Gémir n’est pas de mise / Aux Marquises. »
Jacques Brel, Les Marquises.